Cadarache : Que fait-on du principe de précaution ?
A-t-on frôlé la catastrophe nucléaire à Cadarache dans la nuit du 27 au 28 février 2001 ?
Fac-similé d'un document confidentiel interne au CEA. CEA- Direction de l'Énergie Nucléaire - Direction du CEA/Cadarache
PERTURBATION SUITE AUX CONDITIONS METEOROLOGIQUES.
Suite aux importantes chutes de neige dans la nuit du 27 au 28 février 2001 , des perturbations électriques ont affecté l'alimentation électrique et certaines installations du site de Cadarache. La ligne EDF d'alimentation électrique provenant de VINON (63 KV) a été coupée suite à la chute de plusieurs pylônes entraînant le basculement de l'alimentation du centre sur la ligne Ste TULLE vers 22 heures. De même, à l'intérieur du site, une chute de pylônes a provoqué la défaillance des lignes aériennes 15KV alimentant le quartier de la Verrerie ; les lignes souterraines sont restées opérationnelles. Au cours de la nuit et d'une partie de la matinée, des microcoupures électriques et des variations de tension ont conduit à diverses anomalies de fonctionnement sur quelques INB. Le déclenchement des alarmes a conduit à des interventions du personnel de permanence technique et à l'appel des astreintes des INB. Les principaux problèmes rencontrés sont les suivants : * sur l'INB 39 (Masurca) perte de la ventilation enceinte et cœur pendant 3h15 * sur l'INB 41 (Harmonie) perte du contrôle cheminée (installation et ventilation étant à l'arrêt). * sur l'INB 55 (STAR) passage de la ventilation en demi régime pendant ½ heure * sur l'INB 123 (LEFCA) perte de l'alimentation 48 volts au niveau du poste HT/BT ( non détectée par la télésurveillance ) entraînant la perte de l'alimentation normale , la non-sollicitation du groupe électrogène fixe et en conséquence un arrêt de ventilation de 1h25 En début de matinée, la situation était redevenue normale sur toutes les installations. Suite à de nouvelles microcoupures le 28 dans la matinée, le réseau de téléalarme "SAFIR" a remonté au PC sécurité FLS une avalanche d'alarmes provenant de l'ensemble des installations du centre (INB et hors INB), dont le traitement a nécessité l'intervention des équipes de 10h25 à 11h50; les INB ont été traitées en priorité. Par ailleurs, suite à l'épaisseur de la couche de neige accumulée sur les toits des bâtiments, des problèmes d'étanchéité sont apparus sous forme d'infiltrations goutte à goutte ou de suintements dans le bâtiment 418 (INB 53 – MCMF), dans la nef du bâtiment 316 (INB 55 – LECA), et dans l'escalier principal, le 2 ème étage du bâtiment 208 et au 1er étage du bâtiment 214 (INB 25 – Rapsodie). Compte tenu de la non disponibilité de la ligne EDF de VINON, la direction du centre à immédiatement demandé la mise en sécurité de toutes les installations du site jusqu'au lundi 5 mars au matin. Ces évènements n'ont eu aucune conséquence pour le personnel et l'environnement. Je déclare cet incident au titre du critère 9, deuxième alinéa, de l'annexe à la lettre SCSIN 420/83 et propose de le classer au niveau 1 de l'échelle INES. Hervé BERNARD
Ce document « confidentiel » démontre que les installations nucléaires du site de Cadarache ne sont pas menacées seulement par le risque sismique. « Perte de la ventilation enceinte et cœur pendant 3h15 », « Avalanche d'alarmes provenant de l'ensemble des installations du centre ». La catastrophe nucléaire a peut-être été frôlée à Cadarache une nuit de 2001. Faut-il vraiment prendre le risque d’ y traiter le plutonium américain aujourd’hui et plus tard y construire le réacteur ITER ?
- Michel Laval, Vice-président MEI chargé de l’Environnement - Claire Aymes Présidente MEI 13 - Le Mouvement Ecologiste Indépendant est membre de Sortir du Nucléaire - Le Réseau Sortir du Nucléaire |