25-04-2024
Accueil arrow Dossiers arrow Racisme et Discriminations arrow Lettre ouverte à Philippe Vigouroux du CHU de Nancy
AccueilActuLiensContacts
Menu
Accueil
Elections Européennes 2014
Dossiers
Actualité
Elections
Fil d'actualité
Liens et Pétitions
Recherche
Portrait
Contacts
Administration
Echanges Internet

Lettre ouverte à Philippe Vigouroux du CHU de Nancy Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
Écrit par Claire MALBOS   
08-07-2008

Lettre ouverte à Philippe Vigouroux, CHU de Nancy 

A l’attention de Monsieur Philippe Vigouroux, CHU de Nancy,dont copie à  Mme Geneviève Lefèbvre CHU de Limoges.

Monsieur, En Octobre 2007, deux jeunes filles Congolaises, supposées mineures jusqu’à preuve du contraire, furent remises entre les mains de médecins de votre service hospitalier de Limoges, à fin, justement, de tenter de faire la preuve de leur âge exact. Ceci à seules fins de justifier la possibilité de leur expulsion du territoire français. 

Passons sur le rôle de  « rabatteur de gibier » de l’état que vous  acceptez de tenir au nom du respect des injonctions des autorités, ou de vos convictions personnelles. 

Au marché des esclaves, la valeur marchande des hommes, femmes et enfants, n’étaient pas évaluée autrement que ces jeunes filles ne l’ont été ce jour là dans vos services. 

L’hôpital est un lieu où chacun -comme dans les écoles- devrait pouvoir trouver secours, refuge et sécurité. 

Voila que grâce à vous, ceci n’est plus vrai. 

Votre mission de soin, en quelques gestes, s’est trouvée dégradée à jamais dans l’esprit d’un nombre incalculable de personnes, condamnées pour nombre d’entre elles à éviter à présent d’amener leur enfant se faire soigner, au cas où un médecin zélé… 

Je voudrais vous donner quelques éléments de réflexion, en vous disant des choses que j'aurais préféré ne pas dévoiler dans une lettre vouée à devenir « publique ». 

Personne n’a jamais procédé à la radio de mon poignet gauche pour déterminer mon âge, autour de ma puberté. Mais je vous certifie que mon corps était celui d’une femme dès mes 14 ans, et qu’à 16 ans, si l’on avait dû évaluer mon âge selon les critères utilisés dans vos services, j’aurais allègrement passé la barre des 20 ans. 

Il paraîtrait que certaine de ces jeunes filles dont vous avez outrageusement «évalué le corps », se serait rasée précédemment aux examens.Mais oui ! C’est possible !

Plein de jeunes et même très jeunes filles se rasent, que ce soit par culture, par esprit d’aventure, pour imiter leur maman ou braver leur interdit, etc… Toutes les raisons sont bonnes à ces âges adolescents pour explorer le terrain des adultes. Qui pourrait prouver qu’il y a eu là fabrication d’un mensonge sur leur âge ? T

ous les examens auxquels les médecins ont ce jour-là procédé pour déterminer l’âge de ces jeunes filles sont, au minimum, inutiles et invalides scientifiquement parlant, et ne peuvent faire preuve auprès d’un tribunal, c’est ce qu’il est d’ailleurs apparu semble t’il par la suite. 

Les gestes effectués pour ces examens, eussent-ils même apporté la moindre précision scientifique irréfutable, ne peuvent être qualifiés de moins que du mot « violents ». 

Violents, dans le sens du geste qui fait violence, au corps et à l’esprit  délicats de ces jeunes filles. Violent dans le sens du viol, du corps et de l’esprit délicats de ces jeunes filles. 

Vous ignorez peut-être qu’un simple regard peut violer un corps, déflorer l’innocence,  dégrader une dignité, marquer une âme au fer, fouetter d’humiliation un esprit. Ce corps, cette innocence, cette dignité, cette âme, cet esprit, était celui de chacune de ces deux jeunes filles que ces gestes et regards ont ainsi blessées, jusque dans quelles profondeurs, avec quelles conséquences, pour combien d’années ? 

Serez-vous là pour réparer ce qui fut là brisé ?Vous, le médecin ? 

Alors, vinrent tous les articles, lettres et réactions qui s’éditèrent  spontanément sur le net, afin de protester et s’indigner de ces agissements, et de demander des comptes.

Vous demander des comptes, c’était le moins que l’on puisse faire. 

Nous sommes encore libres de crier, d’émettre des sons, de poser des mots sur l’ignoble quand il vient au grand jour et s’exerce au nom de la République et de la "protection" de "notre" sécurité et supposé bien-être de citoyen. 

Car c’est de cela aussi qu’il s’agit : on commet des ignominies au nom de la France, et nous ses citoyens n’aurions pas le droit d’émettre fut-ce une objection, une analyse, une supposition ? 

A ce jour, je ne sache pas que vos services, vous-mêmes, les médecins mis en cause, aient produit la moindre explication, ni offert d’excuses aux familles concernées.Peut-être suis-je mal informée ?

Il me semble que toute justification ou excuse de votre part aurait déjà fait l’objet d’articles publics, de droits de réponses, … je n’en suis pas au courant.

Voila qu’à présent parmi toutes ces manifestations de stupeur, de révolte, d’incrédulité épouvantée, de saturation, j’en passe… vous choisissez entre elles la seule indignation de Monsieur Mboa, et vous mettez en tête de le produire en justice, pour diffamation. 

Ce choix est accablant.

Il semble en effet que parmi tous les nombreux blogs et sites qui ont fait paraître les protestations à votre égard, celui de Monsieur Mboa soit le seul à comporter le mot « Afrique » dans son intitulé.

Ce serait un hasard ? Dans cette situation si difficile, si insupportable, fallait-il en rajouter ? 

Une "investigation médicale" que l’on veut à bon droit qualifier d’attentat à la pudeur, qui renoue avec les époques où le racisme était justifié et institutionnel, est dénoncée avec vigueur par une population nombreuse et disons très diversifiée, et c’est uniquement le dénonciateur « d’origine » que l’on veut mettre en cause ? 

« Victimes Congolaises, dénonciateur Africain, dans le même panier au même marché je ne dirais pas de quoi », je me cite. 

Il aurait fallu assigner en justice bien d'autres accusateurs, pour sembler convaincant. Mais par votre indignation d’aujourd’hui vous voudriez faire oublier sans doute les infamies d’hier. C’est impossible.

Vous ne faites par cette attaque en justice que souligner ce silence immense qui nous répond depuis des mois. « Un turbulent silence », en effet. 

Avez-vous tout oublié : femme, mère, sœur, fille, vous devez en avoir pourtant.
Auriez-vous souffert qu’elles subissent ce même attentif examen ?
Avez-vous également oublié l’Histoire ?
 

Malheureusement, la situation inverse de nos filles françaises pubères examinées de même manière au Congo par des médecins Congolais est tout bonnement inenvisageable, dans nos esprit français comme dans les faits.

Je dis malheureusement, car si votre imaginaire avait pu ne serait-ce que formuler l’éventualité de cette situation « miroir », je suppose que toute cette situation misérable aurait eu une chance d’être évitée. 

Je me joins aux nombreuses personnes qui déjà offrent leur soutien à Monsieur Mboa. 

Vous le faites convoquer en justice, mais, de quel côté se trouve le crime ?  

J’attends, avec patience et impatience, que les blessures subies pas ces deux jeunes filles trouvent leur guérison, et que vous trouviez le moyen de participer honnêtement à cette guérison. 

J’attends, et agis, pour que cette affaire devienne l’une des affaires exemplaires des dérives auxquelles mène  actuellement dans notre France, notre Europe, cette conception méprisante et annihilante de l’autre, cet étranger. 

Les êtres qui vous dénoncent sont autant citoyens que vous. Les mêmes droits aux mêmes plaintes leur sont acquis. L’asphyxie de la démocratie ne signe pas la mort des Droits de l’Homme, encore moins celle des Droits des Enfants. 

Je vous prie d’agréer, Monsieur, mes salutations distinguées.
Claire Malbos

Dernière mise à jour : ( 21-08-2008 )
 
< Précédent   Suivant >
A la une
Inondations catastrophiques dans le midi de la France.


Après les inondations ayant frappé le Vaucluse et le Gard, le Mouvement
Ecologiste Indépendant ne peut que constater : l'insuffisance des moyens en termes d'alerte de crues (à Aramon, par
exemple, la population a appris par le biais du tocsin uniquement, et
une heure avant l'arrivée de la déferlante, le risque de rupture de la
digue),. et surtout la non application de la Loi Barnier de 1995 sur les
risques naturels prévisibles puisque on peut encore noter dans les départements
touchés la délivrance d'un certain nombre de permis de construire en pleine
zone inondable ( l'école de Sommières par exemple).

Le Mouvement Ecologiste Indépendant estime qu'il ne faut pas non plus
minimiser l'incidence probable de la dérive climatique qui accentue
l'ampleur et la fréquence de la pluviosité. Il demande au Gouvernement :

. l'aggravation de la responsabilité pénale des élus qui délivrent des
permis dans des zones à risque et des fonctionnaires de l'Equipement
qui les laissent faire ,
. une révision de la loi de 1995 qui permette de remettre en cause une
urbanisation pré-existante dans les PPR (Plans de Prévention des
Risques) ,
. l'application rigoureuse des recommandations de Kyoto.

Claire Aymes, Présidente départementale MEI 13

 


Réalisation Mamboléo et www.mambopl.com
© 2024 Claire AYMES
Joomla! est un logiciel libre distribué sous licence GNU/GPL.